L’estime de soi, la clé de la liberté
Le concept de “self esteem” a été pour la première fois décrit par le médecin, psychologue et philosophe américain William James : « l’estime de soi est de deux sortes : la satisfaction et le mécontentement de soi » (Imparfaits, libres et heureux, Christophe André, Éditions Odile Jacob).
Derrière cette description simplifiée se cache cette notion fondamentale qu’est l’estime de soi. Loin des discours et injonctions de toutes sortes que l’on entend actuellement sur le développement personnel, l’estime de soi est le socle sur lequel on se construit, et sur lequel on construit sa vie.
Quel regard portons-nous sur nous-mêmes ? Sommes-nous en paix avec nous-mêmes ? Ou au contraire anxieux, dépendant du regard des autres, (trop) sensible aux critiques ?
L’estime de soi est composée de trois notions : l’amour de soi, la vision de soi et la confiance en soi.
L’amour de soi est comme le socle de l’estime de soi. Et comme on peut le soupçonner, le lien que l’on a et que l’on a eu avec ses parents (ou les personnes qui nous ont élevées) y joue un rôle déterminant. Ai-je intégré que je suis aimable malgré mes défauts, mes échecs, mes « performances » plus ou moins bonnes ? Ai-je intégré que je suis digne d’amour et de respect tout simplement parce que j’existe ? Car aussi bons soient-ils, il est finalement rare que les parents aient prodigué un amour réellement inconditionnel, ou perçu comme tel.
La vision de soi est le regard que l’on porte sur soi — et il est souvent rempli de jugements négatifs que ce soit dans la vie personnelle ou professionnelle… « Je suis trop comme ci, pas assez comme cela, j’ai toujours été comme ceci, comme cela… ». Mon expérience de coach m’a amenée à constater que les jugements négatifs ainsi que la dévalorisation touchaient davantage les femmes que les hommes. Il s’agit d’une observation qui, sans avoir valeur de statistique, m’interpelle et se retrouve à d’autres niveaux dans le monde du travail.
La confiance en soi, c’est le capital confiance sur lequel on s’appuie pour vivre, agir, évoluer. Et là encore, il peut être très dépendant de ce que l’on a vécu enfant, de ce que l’on a entendu sur soi et sur ses capacités. Les « qu’il est maladroit ! » ou « que va-t-on faire d’elle ! » peuvent avoir laissé des traces durables. Chaque enfant a été plus ou moins valorisé, encouragé, soutenu dans ses expériences, et sur ce socle s’est développé sa confiance. Confiance renforcée par nos expériences d’adolescent(e ), de jeune adulte puis d’adulte.
L’estime de soi, l’outil de la liberté
Comme l’écrit Christophe André, l’estime de soi « est l’outil de notre liberté et de notre autonomie psychologique ». Si elle est défaillante, on se retrouve prisonnier des schémas familiaux et des pressions sociétales.
Une basse estime de soi a pour conséquence une sous-valorisation. Dans le monde professionnel, cela peut se traduire par le fait de ne pas prendre sa place, de rechercher l’acceptation et la reconnaissance à tout prix, d’éviter les initiatives, les conflits, de réfréner son leadership, de ne pas oser… À l’inverse, une estime de soi surévaluée se traduit par le besoin de briller, de dominer, de se comparer, et de renvoyer une certaine image sociale. Étonnamment, les personnes entrant dans cette catégorie présentent en réalité les mêmes fragilités que celles ayant une basse estime d’elles-mêmes. Elles éprouvent un immense besoin de reconnaissance. Mais leurs moyens de lutte et leurs mécanismes de défense diffèrent. Être toujours dans une compétition vis-à-vis de soi-même et des autres demande des efforts constants… et épuisants. Qui peut se traduire à un moment donné par un burn-out ou une dépression.
Finalement, une bonne estime de soi permet de s’affranchir des diktats familiaux et sociétaux, pour émerger en tant que personne unique et authentique. Avec une juste appréciation de soi, qui apporte alignement et cohérence.
La réactivité face aux évènements de la vie
« La façade de l’estime de soi [peut] se lézarder face à la difficulté ». (Christophe André)
Un des marqueurs clés de l’estime de soi est en effet sa capacité à s’adapter aux évènements de la vie. En quoi mon estime de moi joue-t-elle le rôle d’amortisseur en cas d’évènement important ou de choc ? Une rupture, un licenciement, une perte, ou simplement un conflit, suis-je capable d’encaisser sans m’effondrer ? Suis-je capable d’avoir une vision avec un peu de recul, de relativiser, passé le choc initial ?
En cas de transition professionnelle, l’estime de soi est mise à rude épreuve. Et dans ce contexte, les failles ressurgissent et peuvent faire apparaitre doutes et angoisses. Selon la « santé » de l’estime de soi, les remises en question vont être plus ou moins profondes. Vais-je être capable de rebondir ? Ai-je les bonnes compétences ? Vais-je oser aller rencontrer des professionnels que je ne connais pas ? Etc. Plus l’estime de soi est bonne, plus le fait de rebondir sera aisé.
De la bonne estime de soi dépend la capacité à aborder les changements, à gérer son stress, à évaluer la situation sans voir sa confiance en soi s’effondrer, à se projeter dans l’avenir en fonction de ses besoins et de ses attentes, à reprendre les rênes de sa vie sans se sentir ballotté par la vie et les évènements.
Le bénéfice du coaching
Le coaching accompagnant les personnes en transition professionnelle ou souhaitant faire évoluer des comportements a beaucoup à apporter en ce qui concerne l’estime de soi. La thérapie aussi, bien sûr, en particulier lorsque le coaching ne parvient pas à faire bouger les lignes (ce qui se voit rapidement lorsque c’est le cas).
Comme évoqué plus haut, les changements de vie professionnelle sont des périodes où les doutes et les défaillances dans la vision de soi-même vont ressurgir « je n’ai pas fait les bonnes études, de toute façon, je suis comme cela, ça a toujours été… ».
Avec l’aide du coach, la personne va changer de regard sur son histoire. Grâce à la l’approche des techniques narratives , par exemple, mais pas uniquement, j’invite la personne à réécrire de nouvelles histoires sur elle, sur son parcours, sur ses capacités, sur ses talents. À l’oral, à l’écrit, l’important est que la personne se pense, se voit, se décrive autrement, et c’est, peu à peu, ce qui se passe. J’accorde en ce sens une très grande attention aux mots que chacun(e ) utilise pour parler de lui-même/d’elle-même : en modifiant les mots, nous modifions notre perception et notre vision de nous-même, et peu à peu, celle que les autres ont de nous.
Je suis fascinée de voir ces évolutions, en quelques semaines, quelques mois, comme une germination, prendre place, alors que ces discours délétères sur soi peuvent avoir duré des années.
L’un des piliers du coaching est de revoir son système de croyances, pour aller voir « ce qui empêche ». Des schémas, des croyances, des phrases entendues dans l’enfance et qui sont restées gravées (« tu n’y arriveras jamais », ou des croyances non formulées mais qui ont pris place dans notre tête « si cela te plait, ce ne peut être un travail mais un loisir, on ne gagne pas sa vie avec un loisir », etc…). Revoir ces croyances, s’autoriser ce qui finalement était interdit par ces croyances et à faire différemment, sont des ressorts extraordinaires pour évoluer.
Les ateliers d’expression artistique proposés, avec la sculpture et l’écriture, ou en collaboration avec des professionnels de la peinture et de la voix, sont des outils puissants pour avancer sur le chemin de la restauration de l’estime de soi. Comme faire entendre sa voix, sans s’imposer ni chuchoter, simplement exprimer ce que l’on est, en tout authenticité. Le geste créateur, quel qu’il soit, permet de reprendre les rênes de sa vie, d’être actif dans son évolution. Voir article RETROUVER CE QUI NOUS ANIME GRÂCE AU GESTE CREATEUR.
Une personne que j’ai accompagnée avait du mal à poser des limites et à gérer sa relation avec son manager par manque de confiance en elle. Ensemble, nous avons utilisé des techniques pour qu’elle puisse retrouver sa juste place.
Une autre femme professionnelle de la communication, brillante, se sentait « non légitime, pas à la hauteur » malgré ses talents évidents. Tout cela parce qu’elle n’avait pas fait les “bonnes études”, ou ce qu’elle estimait être les bonnes études — des injonctions familiales. Le coaching aide à retrouver sa propre valeur de façon très concrète. Comment puis-je transformer ce que je me suis toujours raconté jusqu’alors ? Changer de discours pour changer la vision que j’ai de moi-même et avoir plus d’empathie envers moi-même ?
Une situation de ré-organisation et une proposition de poste inadaptée ou sans préavis peut bousculer sérieusement l’estime que l’on a de soi.
Le coaching permet cette mise en mouvement, avec l’engagement et l’investissement nécessaire de la personne. Car la mise en place de nouvelles façons d’être et de faire demande des efforts et de l’énergie. Mais cette évolution est salvatrice, et sur un sujet aussi profond que l’estime de soi et la confiance en soi, peut se révéler extrêmement efficace.
Accompagner les personnes vers leur propre voie, voir cette éclosion de leurs talents, qui étaient là, mais ne trouvaient pas le chemin de leur expression, m’anime profondément. Car vivre en sourdine en raison d’une basse estime de soi ou d’une vision erronée de soi crée de réelles souffrances : le coaching contribue à emmener les personnes accompagnées vers leur juste place professionnelle (et personnelle !), en cohérence avec leurs compétences et leurs talents. Avec une plus grande liberté acquise, pour vivre de façon plus fluide, plus aisée, et dans leur activité et dans le mouvement de la vie.